Samian : le pouvoir des mots
« Comment veux-tu qu’on se réconcilie avec un bourreau ?», a questionné le rappeur et conférencier Samian en parlant de la réconciliation entre les Premières nations et les allochtones, un des thèmes abordés dans sa conférence donnée au Cégep de Jonquière mercredi.
Depuis plusieurs années, le musicien donne des conférences partout dans la francophonie. Pour lui, parler aux jeunes est quelque chose qui lui tient à cœur : « Je souhaite échanger. Une conférence, c’est un rassemblement de gens qui parlent d’un sujet en particulier. Je pense que trouver ce qu’on a en commun devient le but même d’une conférence », a-t-il expliqué. À multiples reprises, l’artiste a échangé avec l’auditoire composé de plusieurs centaines d’étudiants et membres du personnel de l’école. Ceux-ci sont restés attentifs tout au long de l’événement.
Durant la conférence, Samian a avoué avoir de la difficulté avec le concept de réconciliation encouragé par le gouvernement. « C’est difficile de pardonner après tout ce que les peuples autochtones ont vécu », a-t-il affirmé. Selon lui, il est préférable que tout le monde, incluant les gouvernements, soit capable d’avouer les événements tragiques qui sont survenus. « Quand je dois dire des faits, je ne me censure jamais, car censurer la vérité n’a pas de sens. En faisant ça, j’essaie seulement de bâtir un pont entre ces deux cultures qui se connaissent peu. »
Samian, de son vrai nom Samuel Tremblay, s’est aussi ouvert sur sa jeunesse difficile dans la réserve de Pikogan en Abitibi-Témiscaminge. « En tant qu’enfant métis j’avais un pied avec les autochtones et l’autre avec les allochtones. Donc dans la réserve, je ne me sentais pas toujours à ma place », a-t-il mentionné.
À l’école, il avait de la difficulté en raison de ses différences. Il dit donc comprendre les jeunes qui passent par là. Il croit cependant qu’il est important de miser sur ce qui nous différencie des autres. « Ça permet de proposer autre chose. Tout est possible quand on croit en soi et qu’on accepte ses différences ».
Le rappeur souhaiterait également que les membres des Premières Nations et le reste de la population canadienne échangent davantage pour éliminer les tabous. « Les manuels racontent notre histoire à notre place. Je crois que c’est maintenant à notre tour de le faire. » Selon lui, la majorité de la population craint de dire la vérité lorsque ça concerne les horreurs vécues par les peuples autochtones. « À la place de les dénoncer, on protège ces trucs-là. » Le conférencier croit d’ailleurs que l’éducation en milieu familiale et scolaire est très importante pour favoriser un dialogue.