Abandonner son animal pour pouvoir se loger
Alors que les appartements autorisant les animaux se font rares au Saguenay-Lac-St-Jean, les abandons sont de plus en plus privilégiés. Erika Déry et Allison Poulin vivent chacune une situation angoissante concernant l’avenir de leur chienne respective.
« Je ne sais pas quoi faire, je ne veux pas me séparer de ma chienne. » Étudiante en deuxième année de publicité au Cégep de Jonquière, Erika Déry rencontre des difficultés à trouver un hébergement acceptant Cookie, son chihuahua de trois ans.
Sa famille ne voulant plus s’en occuper, la jeune femme l’a ramenée à Jonquière, « Je pensais que j’avais le droit, mais mon propriétaire m’a dit de m’en débarrasser ». L’étudiante s’est alors tournée vers une amie pour la faire garder, mais au bout de quelques semaines, ce propriétaire a également demandé le départ de la chienne.
« Je n’ai donc pas eu d’autres choix que de la laisser chez ma tante, qui habite dans la région. Ce n’est vraiment pas une situation idéale », soupire Erika Déry, fatiguée et déboussolée de ne pas avoir sa chienne avec elle.
Étudiante en première année du programme cinéma et télévision au Cégep de Jonquière, Allison Poulin vit la même situation. « Je cherche un logement avec mon copain dans la région, mais on n’a que des refus quand je parle de mon chien. Sinon on me dit de payer jusqu’à 1200 $ et en plus de ça rien n’est inclus : eau, internet, chauffage et l’appartement n’est même pas meublé. »
Maîtresse de Daisy, un Pinscher de 13 ans, Allison Poulin sait que son animal n’a plus beaucoup de temps à vivre. « Elle est aveugle à cause de la vieillesse. En plus de ça, elle est vraiment attachée à moi. Quand je ne suis pas là, elle fait des crises, elle ne veut plus s’alimenter, elle fait ses besoins partout… Je veux vraiment vivre ses derniers instants avec elle et lui éviter cette souffrance. »
Consciente de la difficulté de trouver un logement, l’étudiante en production avait pourtant commencé ses recherches en tout début d’année. « J’avais fait exprès de chercher tôt pour ne pas être dans le trouble, mais je suis dans le trouble. »
Une raison majeure d’abandons
« Ces refus des propriétaires d’accepter des animaux sont l’une des raisons majeures des abandons, sans ça on aurait beaucoup plus d’adoptions », explique la directrice générale de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) du Saguenay, Claudia Côté.
Favorable à la proposition de loi faite par Québec Solidaire sur l’interdiction de refuser des animaux dans les logements, celle qui est à la tête du refuge n’accable pourtant pas les propriétaires.
« Il y a le revers de la médaille où les locataires rendent leurs appartements insalubres. On comprend donc que les propriétaires soient méfiants et refusent des animaux. »
Pour Erika Déry, la cible, en ce qui a trait à l’insalubrité, ne devrait pas être les animaux. « Ce n’est pas eux le problème, ce sont les locataires et les propriétaires. Mon chien ne fait pas de dégâts. Je ne comprends pas pourquoi je devrais m’en séparer. »
La jeune femme doit trouver une solution pour elle et Cookie avant mai. Après cette date, si rien n’est trouvé, leur avenir ensemble est incertain.
« J’ai déjà écrit sur spotted pour trouver quelqu’un, mais je ne veux pas en arriver là. C’est mon chien. »