Peu de sensibilisation à la PrEP en région

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Le 1er décembre a lieu la journée mondiale de lutte contre le Sida. (Photo : Jean Rémond)

Un traitement fiable et efficace pour se protéger contre le VIH existe, mais est encore méconnu du grand public… et de certains professionnels de santé.

« La PrEP (prophylaxie pré-exposition) ? Je ne connais pas ». Lorsque l’on appelle certaines pharmacies à Jonquière, difficile d’obtenir des renseignements sur ce traitement. « Je travaille depuis 32 ans et on ne m’a jamais demandé d’informations sur ce médicament », explique une pharmacienne. De son côté, une pharmacienne du Jean Coutu, en poste depuis huit ans, a donné la PrEP à trois patients seulement. « J’étais mal à l’aise car mes connaissances étaient trop faibles », confie-t-elle. 

Suivis médicaux 

« La PrEP est un médicament antirétroviral (ARV) proposé sous forme de pilule aux personnes séronégatives, précise Odon Jaoutera, intervenant en prévention du VIH auprès de l’organisme MIELS-Québec. Il protège des infections au VIH, mais il faut utiliser un condom pour se prémunir des autres ITSS. » La RAMQ prend en charge une partie des frais du traitement. 

L’efficacité de la PrEP repose sur une prise assidue du traitement. « Il est possible de prendre le médicament “en continu” avec un comprimé par jour, ou “à la demande”, soit deux comprimés avant la relation sexuelle à risque, un autre le lendemain, ainsi que le surlendemain, énumère Odon Jouatera. Des tests médicaux sont obligatoires avant prescription et fortement conseillés durant l’utilisation. »

Manque d’information

« Souvent, et surtout en région, les prestataires de soins ne sont pas suffisamment informés », lance, chargé des communications à CATIE, un organisme canadien de prévention contre le VIH, Jordan Colombe.  Selon Santé Canada, 3 244 personnes utilisaient la PrEP au Québec en 2018. 

« Les trois patients auxquels j’ai donné la PrEP avaient été mal informés sur le traitement par le professionnel de santé qui les avait conseillés, souffle une pharmacienne. De mon côté, à l’université  je n’ai eu que quelques heures de formation sur l’entièreté des traitements du VIH et l’Association des pharmaciens du Saguenay-Lac-Saguenay-Jean (APSL) propose des formations mais je n’en n’ai jamais vu sur la PrEP. »

Des études en appui

En 2013, le ministère de la Santé et des Services sociaux publiait un « guide pour les professionnels de la santé du Québec » afin de sensibiliser à la PrEP. À l’intérieur, une enquête, menée auprès de 2499 hommes homosexuels et femmes transgenres séronégatifs.

Dans les six mois précédents l’enquête, les sujets avaient eu un rapport anal non protégé par un condom, avec un partenaire masculin positif au VIH. Chaque jour, ils prenaient un comprimé ou un placebo. Résultat, 100 sujets ont été infectés. Parmi eux, 36 avaient reçu la PrEP et 64 un placebo, soit une « différence significative de 44 % de l’incidence ».

La PrEP peut aussi être prise pour se protéger lors d’utilisation de drogues, même si les études à ce sujet sont moins nombreuses. Un dérivé par injection devrait voir le jour 2024, « mais rien n’est concluant pour l’instant », confie enfin Jordan Coulombe.

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