Itinérance chez les femmes : ressources oui, adaptées non

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Le Centre féminin du Saguenay, le Rivage de La Baie, la Chambrée à Jonquière, le Séjour Marie-Fitzbach, la Maison d’accueil pour sans-abri de Chicoutimi : les maisons d’accueil de la région n’avaient pas toutes pour vocation d’accueillir des femmes en situation d’itinérance, mais la demande l’a obligé.

Des solutions temporaires pour les femmes en situation d’itinérance existent, mais elles ne sont pas adaptées. Les intervenantes qui côtoient ces femmes sont unanimes lorsqu’il s’agit de dresser un portrait de leur situation dans la région : « il manque de ressources ».

Le phénomène est peu documenté, mais les craintes des femmes se rendent régulièrement aux oreilles des responsables de maisons d’hébergement. « Elles ont peur des hommes, affirme la coordonnatrice du Séjour Marie-Fitzbach, Emmanuelle Boies. Elles ont peur par ce qu’elles ont vécu ou par ce qu’elles ont entendu. »

« Je n’ai pas d’autres options que de dormir là, lance Cindy Imbault, 38 ans. J’y dors parce que j’aime mieux dormir au chaud. » Elle vit dans la rue depuis maintenant un an. « On peut (les femmes) dormir au dortoir à la Maison d’accueil pour sans-abri de Chicoutimi, mais c’est premier arrivé, premier servi », explique-t-elle. Avec les années, une extension appelée « le débordement » y a été installée dans le but d’accueillir quelques femmes à dormir. « Ils accueillent des femmes pour dépanner, mais ce n’est pas supposé », a confié une intervenante du centre, souhaitant garder l’anonymat.

Le froid ou un toit ?

Plusieurs femmes en situation d’itinérance craignent les refuges mixtes par peur d’y subir de la violence, mais elles n’ont souvent pas d’autres choix. Il existe bel et bien des lieux d’accueil temporaires, comme la Maison d’accueil pour sans-abri de Chicoutimi, à l’origine dédiée aux hommes, mais ces alternatives ne sont pas les plus sécurisées ni adaptées pour elles, ont appuyé les intervenantes.

« C’est l’enfer, soupire Cindy Imbault. Je dois dormir avec mon cellulaire dans mes mains et je ne peux jamais laisser mes choses sans surveillance. » Le dortoir est muni de caméras de surveillance et les installations sont séparées de celles des hommes. « Les gens consomment à l’intérieur quand même et les hommes réussissent à venir dans notre dortoir », explique-t-elle.

On est complets…

Le Séjour Marie-Fitzbach de Chicoutimi, né de l’absence d’hébergement immédiat pour femmes en difficulté dans la région, est le centre le mieux adapté pour recevoir des cas d’itinérance. Seulement neuf femmes peuvent y être accueillies. La coordonnatrice du centre, Emmanuelle Boies, explique qu’elles doivent refuser 75% des demandes.

« On trouve ça plate de devoir refuser des femmes parce qu’elles ne rentrent pas dans les ‘’ critères ‘’ », a confié une intervenante du Centre féminin du Saguenay, souhaitant garder l’anonymat. Les hébergements sont en majorité dédiés aux femmes victimes de violences, les circonstances les font toutefois côtoyer des femmes sans-abri, qui n’ont pas les mêmes besoins, ni les mêmes problèmes.

En mode survie

En majorité, leur mission n’est pas dédiée à la clientèle des femmes en situation d’itinérance. Une intervenante de la Chambrée, Julie Perron, a appuyé la réalité de la majorité des ressources. « On considère qu’on est un dépannage. »

Outre les neuf lits du Séjour Marie-Fitzbach, les autres ressources, dédiées à d’autres enjeux, sont déjà étouffées. En somme, 50 lits d’hébergement temporaires sont à la disposition des femmes.

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