Label autochtone: un nouveau projet pour Gilbert Dominique

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Le chef Gilbert Dominique espère voir ce projet aboutir dans les deux prochaines années. Photo : Compte Facebook Gilbert Dominique.

Un label autochtone pour les produits issus de l’exploitation des ressources « ancestrales » des Premières Nations, voilà ce que la communauté de Mashteuiatsh souhaite mettre en place. Ce projet, porté par le chef Gilbert Dominique, doit reposer sur des partenariats avec les grandes entreprises locales.

C’est le jeudi 22 février dernier, au RDV Transition Verte organisé par la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord, que le chef de l’organisation politique et administrative de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh a mis cette idée sur la table. « Je souhaite la mise en place d’un label autochtone pour tous les produits tirés de l’exploitation ou générés à partir de l’exploitation de nos ressources naturelles, avec comme condition, la reconnaissance de nos droits ancestraux comme premier peuple sur notre territoire », a-t-il expliqué à La Pige pour préciser sa pensée.

Selon le chef, cette réflexion doit reposer sur la base de partenariats entre les grandes entreprises et la région, qui pourraient elles aussi sortir gagnantes de l’entente. « On a amené dans la région l’hypothèse que l’aluminium, l’énergie ou tout autre projet tiré de nos ressources naturelles, devienne le plus vert possible, mais pour cela, il faut qu’on puisse être partie prenante de ce développement », détaille-t-il. Ce label représenterait une « importante valeur ajoutée » pour les différents acteurs régionaux qui pourraient vanter leur conformité à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA). Les principaux secteurs concernés seraient l’aluminium et l’industrie forestière, mais le chef n’exclut pas la possibilité d’étendre ce projet aux mines, encore en développement dans le Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Récupérer son droit de parole

Si Gilbert Dominique souhaite insister sur le fait que sa Première Nation devienne un partenaire durable de ces industries, c’est parce que l’histoire a plutôt eu tendance à l’écarter des processus décisionnels. « L’utilisation des ressources naturelles à nos dépens n’a jamais été convenue avec notre Première Nation, dénonce le chef. Rio Tinto par exemple est présent depuis 100 ans sur le territoire, mais jamais l’entreprise n’a eu l’occasion de compenser, d’accommoder, ni même de consulter notre Première Nation. »

C’est donc avec un soulagement évident que le chef a souligné la prise de conscience de certains exploitants comme le géant de l’aluminium. Depuis 2022, une entente est effectivement conclue entre Rio Tinto et la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh et Gilbert Dominique se réjouit déjà de constater une meilleure reconnaissance des droits de sa communauté et une amélioration de sa collaboration avec l’entreprise. « Notre démarche en est une de cocréation avec les Premières Nations, chose qui s’est peu vue par le passé, a explicité la conseillère en relation avec les médias chez Rio Tinto, Malika Cherry. C’est dans cet esprit de réconciliation, de respect mutuel et de collaboration que nous souhaitons avancer avec la communauté, tout en reconnaissant l’importance de la Première Nation dans le développement régional. » Plusieurs autres entreprises telles que Produits forestiers Résolu ou Hydro Québec sont également dans le viseur de Gilbert Dominique. Des discussions sont déjà en cours.

Un contexte opportun

Si c’est aujourd’hui que la question d’un label autochtone fait surface, le chef des Pekuakamiulnuatsh ne cache pas que le contexte environnemental y est pour beaucoup. « Ces industriels ont pour objectif de réduire leur empreinte climatique dans la région. Le contexte est donc favorable pour pouvoir s’associer à l’industrie la plus importante sur notre territoire ancestral [Rio Tinto] qui a l’intention de prendre un virage vers la production de l’aluminium le plus vert au monde. »

À plus long terme, l’objectif des Pekuakamiulnuatsh est que l’ensemble du Saguenay–Lac-Saint-Jean « partage cette vision, cette même intention d’utiliser notre Première Nation comme un partenaire pour donner de la valeur ajoutée à nos produits qui sortent de la région pour lui permettre de se démarquer. » L’une des premières étapes sera certainement de convaincre les différents acteurs du milieu lors d’une rencontre prévue mi-mars durant laquelle la question du label autochtone sera « fort probablement » abordée comme le laisse entendre le chef de la Première Nation.

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