Manger local et de saison : fruit d’une agriculture plus durable

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 Acheter des produits directement aux producteurs aide directement les maraichers ainsi que l’économie locale (Photo : Olivier Bonjour)

 

Que ce soit des légumes racines en hiver ou bien des petits fruits locaux en été, manger local et de saison ne date pas d’hier. Se nourrir de produits d’ici, mais cultivés en serre en hiver est illogique, selon le co-fondateur de l’Académie potagère, Dany Bouchard.« Pour moi, consommer des tomates qui sont produites sous lumière artificielle avec des températures qui sont chauffées à 18 degrés alors qu’il fait moins 20 degrés dehors en plein mois de janvier, c’est aller à contre-courant. »

Au Québec, des entreprises comme les Fermes Savoura, les Serres Toundra et les Serres Lefort fournissent des produits locaux 12 mois par année. Ces produits poussent en serre, une méthode qui a un impact environnemental important, explique Dany Bouchard, qui note aussi que plusieurs produits d’importation sont également cultivés en serre. « Je n’ai rien contre le fait de manger une mangue au Québec une fois de temps en temps, mais si tu manges des mangues trois fois par jour, tous les jours, peut-être qu’il y a un problème. Ça vient vraiment de loin, l’impact énergétique est vraiment fou. Donc pour moi, un concombre en hiver c’est un peu ça, gâte-toi c’est bien, mais si tu manges ça tous les jours, c’est un peu bizarre. »

Le consommateur est roi

 À la fin des années 1980, l’alimentation et l’accessibilité à des fruits et légumes exotiques a changé à tout jamais à la suite de l’accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis en 1986. Avec cet accord, la population de la Belle Province découvre des produits tropicaux comme les mangues, les ananas ainsi que de différentes sortes de thé et de café. Dans cette même année, la chroniqueuse alimentaire José di Stasio démystifie ces produits à la population donnant lieu à un grand changement dans l’assiette du consommateur. Ce mouvement apporte le phénomène de l’abondance dans les épiceries, d’avoir de tout, tout le temps peu importe la saison. Cette affluence donne lieu cependant à certains accrochages pour l’agriculture locale, explique la professeure en technologie de la production horticole agro-environnementale (TPHA), Anne-Marie Maltais. « Ce n’est pas drôle les poivrons que nous avons proviennent des Pays-Bas. Ils réussissent à les produire à moindre coup mieux que nous au Québec. »

Conscientiser pour avancer

Afin de pouvoir changer la façon de manger de la population québécoise, une éducation et une démystification de la consommation suivant les saisons doivent être faites selon les maraichers. Ce travail devra se réaliser petit à petit pour donner le temps à la population de s’adapter et pourrait aussi du même coup donner un plus grand accès à des produits tout au long de l’année, mais qui respectent les saisons, explique M. Bouchard. « Pourquoi ces légumes-là sont produits, c’est qu’il y a des personnes qui les mangent et qui les achètent ? Donc pour moi la question de la  production 12 mois par année ça vient avec la question de la consommation 12 mois par année. Il est là le nœud du problème, c’est de faire l’éducation sur l’alimentation de saison et que ça soit le fun. Moi je ne me flagelle pas à manger mes repas, je trippe. »

Une fierté locale

L’agriculture est très importante au Québec et fait partie de notre patrimoine selon l’agriculteur, enseignant, entrepreneur et écrivain québécois Jean-Martin Fortier. « Moi je pense que l’agriculture c’est comme la langue, ça a la même importance pour notre appartenance pis notre sentiment de qui on est. J’ai quand même confiance qu’on puisse réussir à briser les espèces de cartel (les épiceries). » De plus, selon Jean-Martin Fortier, le message est clair, le futur de l’agriculture passe par l’achat direct chez les maraichers. « Quand tu t’abonnes à un panier bio, ton argent va directement dans les poches du producteur, c’est incroyable. Les gens ne peuvent pas comprendre à quel point tu encourages la culture locale. » Beaucoup de travail reste à être fait selon lui, mais il explique qu’un changement sur la façon de s’alimenter de la population aiderait aussi grandement sa santé et celle du système de santé. « On paye tous pour le système de santé. J’ai espoir qu’à un moment donné il y aura des petites lumières qui vont s’allumer et dire :  ”Eille” si nous nourrissons mieux les gens au début peut être qu’ils seraient moins malades et ça nous coûterait moins cher. »

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