Un spectacle d’humour pour réfléchir sur la neurodiversité

75 % de la population canadienne est neurotypique, alors que 15 à 20 % des citoyens sont neuroatypiques, selon Statistique Canada. Mathieu Cyr s’ouvre sur son TDAH et sa dyslexie pour sensibiliser le public à cet effet. (Crédit photo : Tristan Côté)
La neurodiversité était à l’honneur à l’école secondaire Charles-Gravel à Chicoutimi dans le cadre de la campagne de sensibilisation Dévoile ta couleur. De nombreuses activités étaient organisées pour l’occasion, dont un spectacle de l’humoriste Mathieu Cyr, qui vit avec un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et de la dyslexie.
Les quelques 160 élèves de 15 à 18 ans du programme Le Passage, fait pour les jeunes en difficulté d’adaptation scolaire, qui ont organisé cette prestation. Celle-ci cherchait à démystifier les troubles neurodivergents, tout en mélangeant humour et réflexion.

Elisa Cliche (à gauche) et Lilia Desbiens (à droite) (Crédit photo : Tristan Côté)
La directrice, Elisa Cliche, et l’enseignante Lilia Desbiens, sont fières des efforts de leurs poulains et de la concrétisation de ce gros projet. « Les élèves ont fait des vidéos humoristiques […] où ils ont mis à profit leur créativité. Ils ont été directeur technique, caméraman, acteur, etc. L’important, c’est vraiment de les mettre dans leurs forces, soulignent les deux femmes. Si ce n’est pas l’académique ta force, c’est peut-être le travail manuel, artistique ou même entrepreneur. »
Olivier, un étudiant du programme, a contribué à la planification de cet événement. Il mentionne que l’objectif était de défaire les préjugés qui touchent les personnes neurodivergentes et de les reconnaître comme tout être humain sur la Terre. « On est tanné que le monde nous voit comme des personnes différentes des autres. »
Le jeune garçon a réalisé des initiatives avec deux amis dans les derniers mois pour sensibiliser les gens vers une meilleure reconnaissance de la neurodiversité. C’est ainsi qu’est né le compte TikTok Sous le micro. « On veut montrer qu’on en fait une force [la neurodiversité] et qu’on n’est pas différent des autres, au lieu que les gens rient de nous, que l’on soit TDAH ou dyslexique », raconte-t-il.
Les personnes neurodivergentes négligées dans le monde du travail
L’un de ses acolytes pour les vidéos humoristiques, Tristan, vit avec un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité. Il pensait autrefois que sa difficulté cognitive ne le rendait « pas très bon » et que ses options étaient limitées dans la vie, ce qui a longtemps affecté son estime de soi. « Tu penses souvent que tu es moins bon, que tu as tout le temps besoin des ordinateurs, des salles et des affaires pour se concentrer, […] mais j’ai réalisé que tu n’es pas obligé d’avoir ça, admet l’étudiant. Quand tu es bien entouré, tu es capable de faire n’importe quoi. Quelqu’un qui est TDAH peut bien devenir architecte. »

Quelques-uns des élèves ayant organisé cet événement dans le cadre de la campagne de sensibilisation Dévoile ta couleur. (Crédit photo : Tristan Côté)
L’enseignante au programme Le Passage, Lilia Desbiens corrobore les propos de son élève. « J’ai découvert des gens aux talents exceptionnels au fil des années qui se sont toujours fait dire qu’ils avaient des difficultés d’apprentissage. En académique, ce n’est pas leur force, mais si on pouvait les voir de façon globale, on verrait quelles sont leurs autres forces », a-t-elle confié au micro de l’émission C’est jamais pareil quelques heures avant l’événement.
Questionné par La Pige sur l’existence de préjugés selon lesquels une personne ayant un TDAH est catégorisée et vouée à faire un métier où il faut bouger, Mathieu Cyr croit que ce sont des idées préconçues par la société, mais constate un certain changement. « Je pense qu’il y a encore beaucoup de préjugés par rapport à la neurodiversité. On voit souvent ça dans les films et les séries, rapporte celui qui est aussi conférencier. On essaie de déconstruire ça de plus en plus. »






