Saguenay-Lac-Saint-Jean : des méthodes particulières utilisées par des firmes de sondage

Les sondages se font majoritairement à partir du web de nos jours, mais la méthode des appels téléphoniques reste encore un peu utilisée aussi. (Crédit photo : Tristan Côté)
Qui dit campagne électorale, dit sondages ! Lorsqu’elles prendront le pouls le territoire de la région, les firmes de sondage devront adapter leurs méthodes de calcul. « Plus la population ciblée est petite, plus c’est difficile d’avoir un échantillon représentatif ».
Tristan Côté
C’est ce qu’explique le vice-président exécutif chez la firme de sondage Léger dans l’Est du Canada, Sébastien Dallaire.
M. Dallaire prend pour exemple un sondage sur Rio Tinto Alcan qui serait mené dans le quartier d’Arvida pour illustrer les complexités de la région et éviter de potentiels biais démographiques. « Pour avoir un échantillon représentatif d’Arvida, on devrait découper tout le quartier avec tous les différents niveaux socioéconomiques pour avoir un profil bien fait et s’assurer d’aller chercher les gens partout », indique-t-il.

Sébastien Dallaire (Crédit photo : Tristan Côté)
Il renchérit en soulignant qu’un portrait précis à petite échelle est plus difficile à faire « qu’une enquête d’opinion menée dans tout le Canada ». Au niveau pancanadien, les différences « sociodémographiques ont tendance à se diluer » en raison de ses variables dans chaque province et les petites régions. Cela signifie plus d’appels pour avoir un portrait fidèle.
Selon un article sur la fiabilité des sondages électoraux publié en 2018 par le Scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, Léger utilise son propre panel de répondants et de spécialistes lors de la récolte de données et possède même une base de données. Leur méthode est bien différente d’autres firmes, telles que CROP et Ipsos, qui font affaire avec des sources externes.
Léger a cependant été la cible de critiques lors des élections générales québécoises de 2018. La firme avait prédit une course serrée entre la Coalition Avenir Québec (CAQ) et le Parti libéral du Québec (PLQ), mais le parti de François Legault a plutôt gagné avec une grande avance. Les performances de son principal opposant ont été surestimées. À cette époque, l’experte en méthodologie des sondages à l’Université de Montréal (UdeM), Claire Durand, avait qualifié cela comme étant « la pire erreur commise par les sondeurs au Québec ».
« Il y avait eu une conjoncture spécifique [des facteurs qui influencent un sondage à un moment précis] à ce moment-là qui a fait que les sondages ont manqué certains mouvements de dernière minute », a admis le vice-président exécutif de Léger dans l’Est du Canada.
Cela a-t-il affecté le niveau de confiance des Québécois envers les sondages ? Cela n’a pas été mesuré encore !
Les coulisses des coups de sonde chez Léger
Lorsque des entreprises commandent des enquêtes d’opinion à Léger, ceux-ci donnent « un échéancier précis » pour livrer les résultats. La firme s’assure ensuite d’avoir le plus grand nombre de répondants possible, en ayant cependant une rigueur exemplaire et sans aller trop vite dans le processus, affirme Sébastien Dallaire.
Par exemple, ces commandes payées par les compagnies peuvent coûter jusqu’à 50 000 $, tout dépendant de la taille du sondage et l’ampleur de la demande.
Confiance de la population envers les sondages : en déclin ou pas ?
Du côté des États-Unis, le niveau de confiance des gens envers les sondages en a pris un coup après l’élection de Donald Trump comme président du pays. La majorité des sondages mettaient la candidate démocrate Kamala Harris devant par un écart très serré. Pourtant, le 45e président des États-Unis a finalement gagné… avec une avance considérable. Qu’est-ce qui explique cette controverse ?
« C’est le Collège électoral [les grands électeurs] qui a créé une victoire très nette pour Donald Trump. Dans la réalité [du côté du vote populaire], c’était une élection très serrée, souligne M. Dallaire. Souvent, ces facteurs-là nous affectent beaucoup [dans la perception de fiabilité par les individus]. On ne calcule pas les sièges du Collège électoral, mais plutôt le vote populaire. »

Tania Gosselin (Crédit photo : Tristan Côté)
Pour l’enseignante en sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Tania Gosselin, des prévisions aussi serrées tombent dans la fenêtre de marge d’erreur. « Les gens qui ne font pas confiance aux sondages n’y répondent généralement pas. Ça crée une surreprésentation de gens qui font confiance [aux sondages]. »






