Les radios communautaires autochtones sous-financées

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Alors que les radios communautaires autochtones sont essentielles dans le maintien de la langue et de la culture de leurs communautés, elles peinent à trouver de la relève et à obtenir des revenus suffisants. La gestion des bingos et le faible financement du gouvernement sont pointés du doigt par les responsables des stations.

La station CHUK-FM ne compte que quatre employés.

Le ministère de la Culture et des Communications accorde un montant annuel de 10 000 $ dans le cadre du programme Aide au fonctionnement pour les radios autochtones locales. Ce montant aide à l’opération de la station, mais ne couvre qu’une infime partie des dépenses annuelles d’environ 150 000 $.

Le directeur de la station CHUK-FM à Mashteuiatsh, Alain Nepton, dénonce d’ailleurs que ce montant n’ait jamais augmenté depuis la mise en place du programme en 1980. « Il faudrait que ce soit amélioré, parce que les radios communautaires non autochtones reçoivent 60 000 $. J’ai déjà demandé les raisons aux personnes du ministère et elles avaient l’air plus frileuses de mettre des montants plus hauts, parce qu’on est dans une communauté autochtone », affirme-t-il.

Bingo

L’entente de 1993 entre le conseil de bande de Mashteuiatsh et la Régie des alcools, des courses et des jeux a également grandement affecté la principale source de revenus des radios communautaires autochtones : le bingo. Les radios ont perdu leur autogestion au profit du conseil de bande et doivent composer avec un nombre limité de licences de bingo, en plus de devoir partager leurs recettes avec plusieurs autres organismes.

« Ça nous limite, on ne peut pas faire autant de bingos pour se soutenir financièrement comme on le voudrait. On fait des pressions pour les augmenter, parce que chaque année on est un peu sur la corde raide financièrement », explique M. Nepton. En plus, cette loi qui visait à empêcher les gens de la communauté de dépenser excessivement dans ces jeux de hasard n’atteint pas son objectif selon lui. Il indique que les joueurs jouent simplement ailleurs dans la région et que ça ne résulte qu’à une perte de revenus pour eux.

Formation

La nouvelle AEC en Animation et journalisme en radio communautaire autochtone débutera à l’hiver 2022. Les cours auront lieu à Sept-Îles. Photo : Katya D’Amour

Le manque de relève s’ajoute à cette problématique. Il est de plus en plus difficile de recruter des animateurs. La station CHUK-FM ne peut compétitionner avec les autres employeurs de Mashteuiatsh qui offrent de meilleurs salaires.

Le coresponsable de la coordination du programme de Techniques de communication dans les médias, Blaise Gagnon, croit que la nouvelle attestation d’études collégiales (AEC) en Animation et journalisme en radio communautaire autochtone offerte par le Cégep de Jonquière aidera à résoudre la pénurie de personnel. « C’est une formation qu’on a montée spécifiquement pour eux, pour apporter une solution à court terme. Ça répond plus à leurs besoins et à leurs attentes, puisqu’en l’espace de quelques mois, il est possible d’apprendre le métier », indique-t-il.

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