Être saoul sans avoir consommé
Être saoul sans avoir consommé, est-ce possible ? Pour les gens atteints du syndrome de l’auto-brasserie, oui. Une récente étude du Centre américain d’informations biotechnologiques aux États-Unis (NCBI) a annoncé certains traitements pour aider les gens atteints à mieux vivre avec ce phénomène.
Le syndrome de l’auto-brasserie ou syndrome de fermentation intestinale est un trouble rare qui se produit lorsque les levures résidantes dans le tube digestif convertissent en alcool les glucides ingérés. Les personnes ayant ce syndrome ont les mêmes effets secondaires d’un état d’ivresse sans même avoir consommé une seule goutte d’alcool. Comme la bière, la création d’alcool dans le sang et dans l’urine de ces rares personnes est produite par l’étape de fermentation.
« C’est le même principe que le processus d’un brassage de bière. Si par miracle tu as le sucre, une certaine quantité de levure et la bonne température pour fermenter, ton corps va tout avoir pour faire le même job que mes cuves ici », a expliqué le brasseur de la Voie Maltée de Chicoutimi, Martin Bouchard.
Cette maladie peut apparaître chez des personnes en bonne santé, mais dans la plupart des cas, la maladie de Crohn, le diabète, l’obésité ou la prise d’un traitement antibactérien peut être la cause de ce déséquilibre de la flore digestive. Une étude menée à la fin de l’année 2021 par un institut national américain pour l’information biologique moléculaire, NCBI, relève que les personnes atteintes de cette maladie rare doivent suivre un traitement antifongique pour restaurer la flore digestive et empêcher la fermentation de sucres dans l’estomac. Ces personnes doivent également suivre un régime très strict en limitant le plus possible les glucides et en buvant beaucoup d’eau.
Cas recensés
Le premier cas recensé de fermentation intestinale a été découvert en 1948 chez un jeune Ougandais de 5 ans, décédé d’une perforation de l’estomac causée par l’augmentation du volume de ses intestins. En 1972, c’est 12 autres cas similaires qui ont été décrits au Japon et depuis, le syndrome de l’auto-brasserie a été recensé dans plusieurs autres pays.
En 2014, un homme de 46 ans originaire de Caroline du Nord aux États-Unis s’est fait arrêter pour conduite avec les facultés affaiblies alors qu’il était complètement sobre. Les policiers n’ont pas adhéré à ses explications, mais les analyses d’une équipe de chercheurs du Richmond University Medical Center de New York l’ont innocenté. Selon une technicienne qualifiée en éthylomètre de la région qui souhaite ne pas divulguer son nom pour des questions professionnelles, il est impossible de détecter avec l’ivressomètre l’alcool qui est ingéré volontairement et celui qui ne l’est pas.
« C’est de l’alcool qui est tout de même dans le sang et avec les mêmes effets secondaires. L’éthylomètre n’a pas une grosse marge d’erreur pour une conduite en état d’ébriété habituelle, mais comment savoir avec la machine que la consommation n’est pas volontaire et que cette personne souffre d’une maladie. Ce n’est juste pas possible », a-t-elle confié.
Toujours selon le Centre américain d’informations biotechnologiques aux États-Unis, les personnes atteintes de ce trouble ont une plus forte tolérance à l’alcool. Certains patients pouvaient atteindre des taux d’alcool de 80 mg par 100 ml, soit l’équivalent de sept verres de whisky alors qu’habituellement, le taux d’alcool produit par l’humain varie de 0 à 0.08 mg par 100 ml.