Le décorum mis à rude épreuve

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Le criminaliste François Dionne a connu son lot d’entorses au décorum pendant les audiences à distance. (Photo : courtoisie)

Concilier le décorum ultra codifié du palais de justice avec un système de visioconférence n’est pas aisé. En salle d’audience, le numérique détonne. D’autant plus que la distance ne favorise pas le maintien de l’étiquette.

Quand le tribunal se retrouve dans leur salon, les justiciables ont parfois du mal à faire la part des choses. « On a vu des gens qui se connectaient à partir de leur voiture, qui vapotaient, la caméra était alors recouverte de fumée, qui prenaient une collation ou un café », raconte la Directrice des poursuites criminelles et pénales (DPCP) du district d’Alma, Amélie Gilbert. L’avocat criminaliste François Dionne se rappelle d’une « copine d’un client détenu qui a montré ses fesses pour laisser une image de fin de journée à son chum ». « Ce sont des exceptions, mais les gens se sentent plus libres quand ils sont chez eux », analyse-t-il. 

« Il faut continuer à éduquer » 

Et c’est sans compter les habituels dérapages qui accompagnent les réunions virtuelles du fait d’oublis. L’avocate du bureau d’aide juridique de Jonquière Gitane Smith se souvient  avoir vu une grand-mère se rendre à la salle de bain sans avoir coupé sa caméra. Elle garde aussi en mémoire l’intervention malheureuse d’un avocat qui avait oublié de couper son micro. « On l’a entendu dire distinctement que le juge hallucinait. Il a fallu qu’il s’explique devant la Cour. » 

Loin de se laisser abattre, le juge coordonnateur du district de Chicoutimi à la Cour supérieure du Québec Martin Dallaire préfère se montrer philosophe : « On n’est pas découragés, mais il faut continuer à éduquer les gens. » 

 

Écrit avec Coline Cornuot

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