« Je sens que mon futur est accessible » – Mario Couture, greffé du foie

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Mario explique qu’il a hâte de retrouver une vie normale et qu’il attend avec impatience le moment où il pourra retourner au travail. (Photo : Tristan Ouimet).

 

6 janvier 2023, 13h30. Mario Couture est chez lui et reçoit un appel. C’est une chirurgienne du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) qui lui explique qu’après deux ans et demi d’attente, un foie est enfin disponible pour lui. Il est invité à se rendre dans la métropole pour sa greffe, prévue deux jours plus tard.  

 

 « On m’a appelé pour me dire qu’il y avait un foie de disponible pour moi, à Montréal, que ce serait enfin mon tour. Je pense que j’ai fait répéter la chirurgienne quatre fois pour m’assurer que l’appel s’adressait bien à moi, en donnant mon nom complet, ma date de naissance. Je n’en croyais pas mes oreilles. Dans ma tête, j’en avais encore pour un an. » 

 

Mario sourit quand il raconte le dénouement de cette histoire. Installé dans son fauteuil, auprès de sa chienne Bella, il fait le point sur les évènements avec un positivisme impressionnant.  

 

M. Couture a été greffé le 8 janvier et est resté à l’hôpital jusqu’au 19 janvier. Ça a été un soulagement pour lui de retrouver sa maison et sa chienne Bella. (Photo : Tristan Ouimet).

 

Tout a commencé en 2020. Celui qui travaillait auparavant comme électrotechnicien chez Produits forestiers Résolu à Alma a vu son monde s’écrouler lorsqu’il a appris une bien mauvaise nouvelle. « J’ai fait une pancréatite et j’ai dû être hospitalité pendant 12 jours ». À partir de là, les problèmes se sont multipliés ; contusions hépatiques, retrait de la vésicule biliaire, hémorragie interne, cirrhose et fatigue extrême. L’unique solution à tous ces problèmes, c’était la greffe d’un nouveau foie. 

 

« Mon problème, c’est que j’étais trop malade pour aller travailler, mais pas assez malade pour avoir un bon pointage pour la greffe. » Même si son état empirait de jour en jour, M. Couture ne figurait pas sur la liste des priorités pour un don d’organes. 

 

La pandémie a eu un grand rôle à jouer dans l’histoire de Mario. Alors que le couvre-feu était en vigueur et que l’accès aux lieux publics était restreint, les gens roulaient moins sur les routes, il y avait donc moins d’accidents. « C’est triste à dire que pour avoir un organe, il faut que quelqu’un décède, mais si la personne donne ses organes, au moins, ça sauve d’autres personnes. J’en suis la preuve », explique celui qui a finalement bénéficié du foie d’un homme en mort cérébrale.  

 

Le processus de rétablissement de M. Couture se déroule particulièrement bien. La cicatrice de plusieurs centimètres qui se trace sur son ventre guérit « à merveille » (Photo : Tristan Ouimet).

 

Pas de prochaine fois 

 

Des histoires comme celles de Mario devraient se faire de plus en plus rares. Selon les chiffres dévoilés par Transplant Québec en décembre 2022, le Saguenay-Lac-Saint-Jean est le second plus grand donneur d’organes au Québec. Le médecin coordonnateur en transplantation et en don d’organes au CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Jean-Sébastien Bilodeau, se réjouit de cette place sur le podium. « Ce qu’on a réussi à faire, tout simplement, entre 2010 à 2015 et 2015 à maintenant, c’est de doubler le nombre de donneurs. On avait une moyenne d’à peu près six donneurs par année et on est passés à 12 donneurs. »  

 

Cette hausse des donneurs s’explique par la démocratisation de l’aide médicale à mourir (AMM) dans la province. En 2022 seulement, 66 organes de gens ayant eu recours à l’AMM ont été transplantés, contre 35 en 2021.  

 

Le docteur Bilodeau estime que si les autres régions du Québec suivent les traces du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le nombre de donneurs d’organes pourrait monter en flèche dans les prochaines années. « On peut penser que si l’Abitibi, les Laurentides, la Gaspésie ou Charlevoix réussissent à doubler aussi leurs donneurs, que ce soit de trois à six, de six à 12, peu importe les chiffres ; l’effet va être exponentiel à la grandeur du Québec. » 

 

Retour au calme 

Aujourd’hui, Mario se porte beaucoup mieux. « Depuis que j’ai eu ma greffe, je suis vraiment plus heureux, j’ai le sourire plus facile. Je sens que mon futur est accessible encore. » Avec sa femme, il s’engage à parler de son expérience le plus possible afin d’inciter les gens à s’inscrire sur la liste des donneurs potentiels. 

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