L’école : un acteur important dans le théâtre

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L’école joue un rôle important dans la transmission de la passion pour le théâtre. Avec la diversification des moyens de divertissement et le changement des habitudes de consommation de culture, les gens du milieu comptent sur les écoles afin d’entretenir l’intérêt pour cette forme d’art.

« Le théâtre jeunesse est très important pour les compagnies qui s’adressent à ce public. Mais, en tant que diffuseur, on prépare notre public de demain », explique le directeur artistique du Théâtre La Rubrique de Jonquière, Benoît Lagrandeur.

La Rubrique fait de la médiation culturelle, ce qui implique d’aller à la rencontre des jeunes avant le spectacle. « On va leur donner des pistes pour qu’ils comprennent bien. On leur ouvre l’esprit aux codes du théâtre », précise M. Lagrandeur.

Ce dernier témoigne d’une belle curiosité auprès des jeunes de la région. « Les compagnies sont toujours étonnées de l’écoute qu’ils ont dans notre salle », affirme-t-il.

Lagrandeur travaille dans la diffusion spécialisée depuis 20 ans et il n’avait pas de spectacles scolaires au départ. Maintenant, le Théâtre La Rubrique en présente sept à huit par année, ce qui fait une énorme différence à son avis.

Allumer la flamme

« Le rôle de l’école est primordial », affirme l’enseignant en théâtre et adjoint à la direction artistique du théâtre Parminou, Hugo Turgeon. « Il y a une condition à ce qu’il y ait de l’intérêt envers le théâtre, c’est qu’on les initie très tôt. »

Le choix des spectacles est toutefois un facteur décisif. « Il faut que les choix de productions soient en fonction des besoins des jeunes, affirme M. Turgeon. Si on ne va pas les chercher avec quelque chose qui leur ressemble, on se tire dans le pied. »

Ce dernier croit qu’il faudrait accorder plus d’importance à la culture dans le cursus scolaire. Il donne l’exemple de la Belgique qui a intégré un parcours d’éducation culturelle et artistique dans les programmes obligatoires des écoles.

Selon M. Turgeon, le ministère de l’Éducation et celui de la Culture devraient travailler ensemble. « Si on ne travaille pas main dans la main à très haut niveau, ça va être difficile d’intégrer la culture, déplore-t-il. Malheureusement, ce n’est pas vu comme essentiel et pourtant, les études prouvent que pratiquer un art c’est très bon pour la santé. »

Le comédien et responsable des projets spéciaux et de la relève au Conseil québécois du théâtre (CTQ), Benoît Arcand, est du même avis.

« Planifier ce qui est considéré comme du parascolaire, c’est toujours ardu. Pour les professeurs, c’est une tâche supplémentaire, estime M. Arcand. Mais bon après, est-ce que les directions en parlent assez ? Il y a un travail de communication à l’interne aussi. »

À son avis, il faudra aussi continuer d’insister sur l’importance des sorties au théâtre.

Comme d’autres formes d’art, le théâtre n’est pas épargné par l’arrivée des écrans. « Avec la venue des multiplateformes, j’ai l’impression que tout ce qui implique une sortie est moins intéressant. La pandémie a aussi eu un impact de ce côté-là. Il est là le cheval de bataille en ce moment.  »

L’art vivant le plus ancien

C’est en voyant des yeux remplis d’étoiles parmi son jeune public que la comédienne Audrey Perreault sait que son art n’est pas près de s’éteindre.

« Les élèves sont vraiment contents de nous voir débarquer et faire notre show, témoigne-t-elle. Il y en a souvent qui viennent nous voir après pour nous dire comment ils ont apprécié. »

Cette dernière s’est déplacée dans diverses écoles afin de présenter des pièces.

La comédienne croit que l’école joue un rôle majeur dans le partage de son art. Ce qui est d’autant plus important à son avis, c’est le choix des pièces qui seront présentées aux jeunes.

« C’est là où on fait nos premiers contacts avec beaucoup de choses. Ils ont quand même beaucoup de pouvoir à décider ce qu’ils feront voir aux jeunes », explique Mme Perreault.

Elle précise que si l’école introduit les jeunes à cette forme d’art avec des pièces qui les toucheront, qui les feront rire, cela risque de leur donner le goût d’en voir d’autres. Tandis que s’ils étaient allés par eux-mêmes, ils seraient peut-être tombés sur quelque chose qui les intéresse moins et donc, qui ne les encourage pas.

« Il n’y a rien de plus beau qu’un show qui reste dans la tête des gens plusieurs jours. Qui habite les jeunes, qui devient une référence pour d’autres situations de leur vie », exprime-t-elle.

Selon Mme Perreault, tant qu’il y aura des gens pour créer, il y en aura d’autres pour apprécier l’art. « Le théâtre, c’est la forme d’art vivant la plus vieille, raconte-t-elle. Le théâtre a survécu à tellement d’affaires, à des épidémies, à des guerres mondiales. Je crois que c’est un art qui résiste parce qu’il est vivant justement. »

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