La musique jeunesse en voie d’extinction

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Malgré tout, Atchoum est toujours en tournée à travers le Québec. (Photo : Samuel Snow)

Arthur L’aventurier, Annie Brocoli, Atchoum, Passe-Partout.  Il y a 10 ans, la musique pour enfant était présente et bien en vie au Québec. La réalité est toutefois bien différente en 2023 alors que ce genre de musique se fait de plus en plus rare.

« À l’époque je pouvais vendre 200 albums en prévente et cette année j’en ai vendu 12. C’est malheureux, mais la musique pour enfants n’est plus aussi populaire qu’elle l’a déjà été », déclare l’interprète d’Atchoum le clown, Véronique Gagné.

C’est un phénomène qu’a également remarqué le disquaire Jello Villeneuve qui œuvre dans le milieu depuis plus de 30 ans.

« Si on recule de 10 ans, chaque fois qu’Annie Brocoli, Atchoum ou même Passe Partout sortait un album ou un DVD ça se vendait énormément. Aujourd’hui, il y a moins de musique pour enfants parce qu’il y a moins d’artistes. C’est difficile parce que ça ne se vend pratiquement plus de nos jours », précise le propriétaire de la boutique Jello Musique à Alma.

Selon celle que plusieurs connaissent mieux sous le nom d’Atchoum le clown, les artistes qui sont toujours présents dans le milieu de la musique jeunesse sont des battants.

« Ceux qui sont toujours là aujourd’hui, ce sont des guerriers et ils le font pour les bonnes raisons parce que c’est plus comme avant. Avant tu pouvais t’asseoir et « surfer » sur ton succès, mais maintenant tu dois tout faire pour que les gens ne t’oublient pas », ajoute-t-elle.

Elle n’est toutefois pas prête à acc rocher son chapeau puisqu’elle précise qu’Atchoum fait partie d’elle et qu’elle aurait beaucoup de tristesse si elle devait arrêter.

Des compétiteurs féroces

Véronique Gagné aimerait qu’Atchoum puisse avoir sa propre émission de télévision. Elle a d’ailleurs un projet et elle est actuellement en discussions avec plusieurs boîtes de production. La compétition est toutefois intense quand on entre dans le milieu des émissions jeunesse.

« C’est un rêve que j’ai depuis longtemps, mais ce n’est pas facile parce que je suis en compétition avec des émissions comme Pat Patrouille. C’est beaucoup moins cher d’acheter les droits de diffusion que de produire une émission. Ça ne coute presque rien parce qu’ils misent sur les produits dérivés à la place », explique celle qui se prête au jeu depuis ses 18 ans.

Elle croit tout de même qu’il est possible de vivre de la musique jeunesse en 2023, mais cela ne passe plus seulement que par les spectacles ou par la vente d’album.

Une nouvelle génération de parents

Selon elle, les mentalités ont beaucoup changé avec le temps et les parents d’aujourd’hui ont beaucoup plus tendance à infliger leurs propres gouts musicaux à leurs enfants. Cette diminution de la liberté des enfants aurait même un impact jusqu’à la vente des produits dérivés des artistes jeunesse.

« Ce n’est plus ce que c’était. Je ne fais même plus d’affiches parce que les nouveaux parents sont trop « Pinterest ». Ils n’en achètent plus parce qu’ils ne veulent pas que ça gâche la chambre de leur enfant qui est de couleur opale », conclut-elle.

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