Femmes autochtones, immigrées et allochtones en lutte contre le racisme au Saguenay

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« Dans la région, il existe des similarités entre ce que vivent les femmes racisées issues de l’immigration et les femmes autochtones », selon l’intervenante autochtone et membre du comité des femmes de Mashteuiatsh, Paméla Duciaume.

Comment lutter contre le racisme au Saguenay-Lac-Saint-Jean ? La question s’est posée, samedi dernier, lors d’une conférence organisée par la table de concertation des femmes du Saguenay, Récif 02, à l’Hôtel de ville de Larouche.

 Près de 80 personnes étaient réunies, le 28 octobre, pour participer à la conférence organisée par Récif 02 (Photo : Jean Rémond)

Racisme et histoire coloniale

« Parler de racisme sans parler de colonialité revient à éviter la question. La violence coloniale a fait du mal à nos peuples, nos imaginaires. Nos histoires sont liées », lance la professeure-chercheuse au Département de psychosociologie et travail social à l’Université du Québec à Rimouski, Jeanne-Marie Rugira. Ainsi, « mener des luttes conjointes semble indispensable », poursuit-elle.

« Faire se rejoindre différentes réalités, différents combats, est l’un des objectifs de cette journée. Elle est organisée dans le cadre du projet Je, tu, nous… sommes ensemble !, financé par Patrimoine canadien. Il y a 18 mois, nous avons recruté des femmes autochtones, issues de l’immigration et allochtones (non-autochtones) pour les faire se rencontrer, pour créer des ponts et des amitiés », explique la chargée de projet à Récif 02, Lynn Renaud.

Des créations artisanales autochtones étaient présentées aux participantes et participants (Photo : Jean Rémond)

Ce sont 26 femmes bénévoles qui ont rejoint le projet et qui se sont côtoyées pendant six mois afin de partager leur vécu, leurs expériences et leur ressenti. Aujourd’hui, les concertations sont closes. Le point culminant du projet est donc marqué par cette conférence, qui vise à « multiplier l’auditoire et le nombre d’alliés contre le racisme, des personnes solidaires de ces luttes, à l’échelle de la région », précise Lynn Renaud. Près de 80 personnes y ont participé.

Plusieurs « leviers d’action »

Paméla Duciaume a inauguré la première prise de parole. « Mon intervention concerne les mythes et les réalités qui entourent les Premières Nations, a-t-elle affirmé. Pour avancer, il faut faire tomber certains préjugés et comprendre l’histoire, la colonisation et l’impact qu’ont eu les pensionnats sur notre culture. »

Des œuvres d’art africaines venaient s’ajouter aux diverses expositions de la journée (Phot : Jean Rémond)

Mais alors, que faire en tant qu’alliés pour mieux comprendre les réalités autochtones ? « Lire de la littérature et écouter des musiques autochtones, venir à notre rencontre, apprendre l’histoire, se rendre au grand rassemblement des Premières Nations… Les leviers d’actions sont nombreux », énumère l’intervenante. 

Cette conférence s’inscrit dans cette volonté. Celle d’offrir des clefs de compréhension, d’actions, de rassembler des personnes vivant des réalités différentes, d’initier des prises de conscience. « Les luttes autochtones sont encore dans l’angle mort de beaucoup de combats, mais il est impossible de faire société en les ignorant. Avec cette conférence, Récif 02 contribue à la convergence des luttes et tisse des liens humains », conclut Jeanne-Marie Rugira, alors que des applaudissements étouffent le son de sa voix. 

 

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