Clair…comme de l’eau des toilettes

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Actuellement, les toilettes que l’on retrouve sur le marché canadien dépensent de 3,8 à 6 litres d’eau par chasse. Photo : Jasmin Maltais

Actuellement, les toilettes que l’on retrouve sur le marché canadien dépensent de 3,8 à 6 litres d’eau par chasse. Photo : Jasmin Maltais

Près d’une vingtaine d’années après la création du premier dispositif de réutilisation d’eau ménagère usée entièrement québécois, la majeure partie des habitants de la belle province rejettent toujours jusqu’à 6 litres d’eau potable chaque fois qu’ils tirent la chasse. Une dépense évitable, mais une solution peu répandue.

Au Québec, faire ses besoins dans une eau propre à la consommation est chose courante. Même si le Code national de la plomberie (CNP), adopté en 2014 a permis d’abaisser le volume d’eau utilisé par certains systèmes comme les toilettes et les urinoirs, les Québécois utilisent toujours en moyenne quelque 127 litres d’eau par jour, et ce, simplement pour se soulager.

Faire œuvre utile

L’ÉCOVISION H-800 développé par AQUARTIS en 2018.Photo : Facebook

L’ÉCOVISION H-800 développé par AQUARTIS en 2018. Photo : Facebook

En opération depuis 2010, l’entreprise AQUARTIS située à Beloeil a développé bon nombre de systèmes permettant de récupérer les eaux destinées au lavage des vêtements et du corps pour ensuite les traiter et les réexpédier dans une toilette. Pour le fondateur et propriétaire d’AQUARTIS, Jean-François Landry, l’eau est une ressource précieuse qui devrait être utilisée à deux reprises avant d’être expédiée au centre de traitement.

« On dirait qu’on ne prend prête pas attention à notre consommation d’eau ici au Québec et même au Canada parce qu’on en a beaucoup. […] Le volume d’eau utilisé pour le lavage est pratiquement le même que celui utilisé par une toilette donc le ratio est quasiment parfait. »

Mais après quelques années d’opération, l’inventeur a dû freiner sa production destinée au marché résidentiel faute de popularité et de rentabilité.

 

Des maisons dernier cri

Les maisons neuves sont souvent dotées de mille et un systèmes à la fine pointe de la technologie. Réfrigérateur connecté, lumières à reconnaissance vocale, thermostats intelligents, tout y est. Toutefois, les systèmes de traitement et de récupération d’eau grise, eux, sont souvent écartés par les nouveaux propriétaires comme le souligne le président de Solutions Résidentielles, Michel Leblanc.

« C’est quelque chose que plusieurs de nos clients auraient aimé avoir par souci environnemental, mais lorsqu’on arrive avec une soumission les gens vont souvent mettre de côté cette idée. C’est important de savoir que ce type de dispositif nécessite deux systèmes de plomberie, donc on double les coûts. »

Une semi-alternative

Pour réduire leur consommation d’eau, certains vont souvent opter pour quelque chose de plus abordable qui nécessite moins d’entretien, comme un système de collecte d’eau de pluie. D’une capacité de plusieurs litres, ces réservoirs permettent d’emmagasiner l’eau en provenance des gouttières lors de périodes pluvieuses pour permettre ensuite aux habitants d’effectuer diverses tâches sans avoir à tourner le robinet.

« L’eau de pluie va souvent être utilisée pour arroser le jardin et les plantes, laver un véhicule ou même pour remplir une piscine ou un spa, mais pratiquement jamais pour alimenter une toilette parce que le ratio n’est pas le même et la collecte d’eau de pluie est impossible en hiver. »

-Michel Leblanc

Peser le pour et le contre

Selon le directeur de Plomberie Claveau, Maxime Claveau, la quasi-absence de ces systèmes de réutilisation d’eau grise au Québec n’est pas le fruit du hasard.

« Présentement, il faut quasiment être fou pour dépenser de l’argent dans le but de réduire sa consommation d’eau. Mis à part ceux qui ont une maison LEED [Leadership in Energy and Environmental Design], il n’y a aucun avantage monétaire à installer des systèmes comme ceux-ci. »

Même si des villes québécoises imposent une taxe sur l’eau depuis peu, le prix pour cette ressource reste très abordable comparativement à d’autres villes du globe. Il revient donc moins cher pour un citoyen de payer sa taxe d’eau que de se munir d’un système de récupération d’eau grise.

« Tant qu’il n’y aura pas de subventions gouvernementales qui seront accordées aux propriétaires de ce type d’appareil, personne n’en achètera » , affirme Maxime Claveau.

 

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