Une danse au rythme du temps et de l’identité

Sur le plancher, les interprètes Valmont Harnois, Juan Sebastian Correa, Gabrielle Simard et Liane Thériault nous transportent dans la vie d’un audacieux personnage. (Photo : Marc Bourgeois)
Le théâtre La Rubrique a accueilli le spectacle de danse Alexis à la salle Pierrette-Gaudreault , une création de la compagnie Ample Man Danse retraçant la célèbre légende québécoise.
Porté par Simon Ampleman et une équipe artistique engagée, ce spectacle revisite l’histoire d’Alexis Lapointe, dit Alexis le Trotteur, figure légendaire du folklore québécois. Plus qu’un portrait historique, Alexis propose une réflexion sur l’identité, l’intégration sociale et le regard des autres à travers une discussion scénique dynamique et interactive.
Une vieille histoire, un propos toujours d’actualité
D’après la légende, Alexis le Trotteur est cet homme à la course effrénée, défiant les chevaux et bousculant les normes de son époque. Mais au-delà du mythe, Simon Ampleman et son équipe ont voulu explorer la place d’un tel personnage dans notre société actuelle. « On a découvert un être vraiment inhabituel qui ne cadrait pas avec son époque […]. C’est comme s’il n’était pas dans son bon temps », explique le directeur artistique de la troupe, Simon Ampleman.
Pour nourrir cette réflexion, la compagnie a mené un travail de terrain en s’immergeant dans une école secondaire accueillant des jeunes en difficulté d’apprentissage. De cette expérience, quatre thèmes majeurs ont émergé : le poids du regard des autres, aimer et être aimé, comment cadrer dans la société et être différent. Ces questions donnent toute sa pertinence au spectacle et le transforment en miroir des préoccupations contemporaines.
Au centre de la photo, Simon Ampleman dirige les danseurs et accompagne le public tout au long du spectacle. (Photo : Marc Bourgeois)
Une mise en scène immersive
Visuellement, Alexis joue sur la simplicité et l’émerveillement des sens. « La scénographie évoque les grands espaces québécois, avec une lumière évoquant le soleil et un plancher de bois qui rappelle ces soirées où l’on pousse les tables pour danser », détaille Ampleman.
Ces choix artistiques simples se conjuguent avec une danse expressive et chevaline, où quatre interprètes, deux femmes et deux hommes, incarnent tour à tour la force, la beauté, l’agilité et la résilience. Leur gestuelle, tantôt brute, tantôt aérienne, traduit toute la folie du personnage d’Alexis et son besoin intarissable du mouvement. La musique originale amplifie cette sensation de liberté et d’introspection.
Un spectacle interactif et vivant
Là où Alexis surprend particulièrement, c’est dans son interaction avec le public. À un moment du spectacle, les spectateurs sont invités à donner des super-pouvoirs aux danseurs, en référence à celui d’Alexis qui était la course. « On met au défi les danseurs à danser sur une musique et un éclairage imposés par le public », raconte Ampleman.
Un spectacle ancré dans sa culture et son époque
Depuis sa création en 2023, Alexis sillonne le Québec et touche la population. « Au spectacle d’Alma, avec l’équipe artistique, on s’est demandé : à quoi ça sert en ce moment ce qu’on fait ? Le public nous a répondu : “Mon dieu qu’on a besoin de vous pour se démarquer et se définir encore plus comme culture !” ».
Ce besoin de raconter le territoire et ses transformations se poursuit au-delà d’ Alexis . La compagnie travaille actuellement sur Avatorium, un projet qui se prépare sur le terrain où l’équipe interroge les communautés québécoises sur les changements du territoire face à l’impact climatique et humain. « Ça fait du bien de s’accrocher à nos racines et les découvrir !», confie l’artiste.