Des librairies qui vont au-delà de la vente de livres

La librairie Marie-Laura est située sur la rue Saint-Dominique. (Crédit : Eugénie Renaud)
Sortir la littérature de son cadre conventionnel, c’est la mission que se donnent les passionnés derrière les librairies Marie-Laura, à Jonquière, et Les Bouquinistes, à Chicoutimi.
« Une des parties que je préfère de mon métier, c’est de faire des lancements, d’organiser des séances de dédicaces, des causeries en librairie, des rencontres… », explique le libraire Philippe Fortin, chez Marie-Laura.
« Par définition, la lecture c’est un truc super solitaire. » M. Fortin prend plaisir à mettre en relation les auteurs et les lecteurs, pour enlever cette dimension de solitude. « Ce sont des êtres humains qui écrivent les livres et c’en sont d’autres qui les lisent, mais pour les mettre ensemble, ça prend un intermédiaire, puis être cet intermédiaire-là, j’aime bien », raconte-t-il, avec passion.

Philippe Fortin, libraire chez Marie-Laura, a remporté le Prix d’excellence de l’Association des libraires du Québec en 2024.
C’est également le cas de Shannon Desbiens, libraire chez Les Bouquinistes. « Dans les activités, j’essaie toujours de pousser la littérature plus loin qu’elle l’est. »
Le libraire de Chicoutimi ne souhaite pas seulement s’arrêter à « recevoir un auteur, car il a écrit un livre ». Il aime s’attarder au travail qui a été fait dessus et mettre en valeur le travail de l’éditeur. « Un travail éditorial, c’est un peu comme un bon film. Quand on regarde le générique, on se rend compte que le film, c’est pas juste le résultat d’un réalisateur », image-t-il.

Shannon Desbiens est libraire depuis 2009 chez Les Bouquinistes. (Crédit : Courtoisie, librairie Les Bouquinistes)
Une fidèle clientèle
Un bassin de clients réguliers s’est établi au fil des années à la librairie de Jonquière. « Je dois connaitre à peu près 700 à 800 personnes par leur nom parce que ça fait dix ans que je les vois. » M. Fortin est d’ailleurs toujours surpris d’accueillir de nouveaux visages lorsqu’il organise des événements littéraires.
C’est similaire pour M. Desbiens, qui accueille une clientèle régulière parsemée de nouveaux visages. « Chez nous, la librairie est ouverte depuis 1979, puis on a encore des premiers clients qui viennent nous voir, qui ne jurent que par nous. » Une nouvelle clientèle s’est établie, surtout autour de la pandémie, mais « y’a aussi les enfants des générations suivantes des premiers clients qui continuent [de fréquenter la librairie] ».
Il y a cinq ans, la COVID-19 et les confinements ont créé un phénomène de solitude généralisée. « Il n’y avait plus de shows de musique, il n’y avait plus moyen d’aller au cinéma. Puis on en revient de Netflix, de pitonner sur la TV, puis d’être seul », explique M. Fortin. Plusieurs personnes ont retrouvé ou ont découvert un intérêt pour la lecture, ce qui « a grossi le bassin classique [de lecteurs] ».
Dans les mêmes années, la Librairie Marie-Laura a dû adapter son inventaire à « l’influence BookTok », un phénomène devenu populaire pendant la pandémie sur la plateforme TikTok. Des tiktokeurs passionnés de lecture ont popularisé les romances à tendance érotique, les mangas jeunesse et pour adultes.
« Auparavant, on pouvait compter sur les doigts d’une main les clients qui en achetaient, puis astheure on n’a pas le choix d’avoir des sections énormes avec un paquet de séries. On a un bon gros bassin de fidèles », partage Philippe Fortin avec le sourire.
Chez Les Bouquinistes, l’engouement pour la lecture observé depuis la pandémie a engendré un heureux problème. « On a été obligé de fermer les lundis, non pas parce qu’on n’avait pas assez de monde, mais parce qu’on n’était plus en mesure de faire notre job administrative. Le personnel était toujours sollicité », explique le libraire Shannon Desbiens, en riant. « On a eu peur que ça s’essouffle, mais au contraire… Le mardi, on est attendus de pied ferme par notre clientèle », ajoute-t-il.






