La musique: remède pour tous les maux
Que ce soit pour se concentrer, dormir ou simplement sourire, les fréquences musicales ont un rôle important dans le changement d’humeur d’un individu. Cela s’explique par la forme de l’onde qui entre dans l’oreille physique. Par contre, une grande partie de l’explication est également une question de chimie, de réception cognitive et de contexte éducatif ou culturel.
Teresa Fortier et Amélie Simard-Blouin
C’est ce qui fait l’objet des recherches de la psychoacoustique. Il s’agit de comprendre comment les neurones font le traitement des informations reçues, c’est-à-dire des fréquences musicales, qui sont mesurées en hertz.
Les hertz pour être heureux
Les fréquences musicales, étant des déformations de l’environnement matériel, libèrent plusieurs hormones lorsque celles-ci sont captées par les neurones. Lorsqu’autrui entend une mélodie plaisante, de la dopamine est libérée dans le cerveau humain. Bien entendu, la musique affectionnée par les individus est différente pour chacun. « Je ne suis pas persuadé que ce style de musique en particulier (le lo-fi) provoque un sentiment de bien-être ou de concentration (…) Je pense vraiment que ça concerne les individus en premier », raconte un producteur de son de Chicoutimi Constantin Monfilliette, au sujet de la croyance que la musique de style lo-fi est propice à la concentration. Avec les plateformes comme Spotify et Apple Music, il est facile d’associer une certaine liste de lecture ou un style de musique particulier à une activité. Par exemple, ces plateformes peuvent offrir des listes de lecture aux noms envoûtants tels que Jazz pour dormir ou Lo-fi pour la concentration.
Ainsi, comme le démontre une étude menée en 2009 par le professeur Robert Zatorre de l’université McGill, peu importe la chanson entendue, tant qu’elle plait, cette hormone du bonheur sera libérée, au même niveau qu’un bon repas ou que le sexe.
Cependant, une chose est certaine, plus l’onde musicale est grave, plus elle est longue et procure un sentiment de bien-être. Plus elle est haute, plus elle est petite, donc anxiogène, comme l’explique la musicothérapeute Karine Potvin.
Écouter la musique au rythme de notre cœur
Cependant, tout n’est pas positif avec l’écoute de la musique et sa libération de vibrations. Celle-ci peut également être intimement liée avec des symptômes de l’anxiété tels que des battements de cœur et un rythme respiratoire accéléré. L’anthropologue et musicologue français Victor A. Stoichita propose dans son article « Les ondes sonores nous influencent-elles? Vraiment? », une corrélation directe entre un tempo rapide, c’est-à-dire des fréquences plus courtes, et le rythme cardio-respiratoire.
C’est grâce à une étude menée par un groupe de cardiologues italiens et britanniques en 2006 que le lien entre le rythme respiratoire, cardiaque et musical a été prouvé.
« En outre, cet effet s’avère indépendant des préférences musicales des participants », confirme Victor A. Stoichita.
Tomber dans les bras de Morphée avec l’aide des ondes sonores
Aussi contradictoire que cela puisse l’être, la musique peut amplifier les symptômes de l’anxiété autant qu’elle peut les alléger. Plusieurs études partout dans le monde ont été faites pour prouver que la musique réduit généralement les symptômes de la dépression et de l’anxiété. En effet, la dopamine sécrétée lors d’une écoute musicale plaisante n’est pas la seule hormone libérée par le cerveau.
Le musicothérapeute et docteur en psychologie clinique Stéphane Guérin affirme que l’écoute d’une musique relaxante stimule la production d’endorphines. Ainsi, il considère la musique relaxante comme étant un somnifère naturel.
Pour atteindre des résultats concluants au niveau de la relaxation, la musique doit respecter 60 à 80 battements par minute. Celle-ci doit donc être composée de formes d’ondes plus graves et longues. Le style de musique peut différer. Il peut ainsi s’agir de jazz, de lounge, de pop, etc.
C’est lorsque la musique surpasse ce nombre de battements par minute qu’elle peut être considérée anxiogène et stimuler l’hormone du stress: la noradrénaline.
De plus, un son peut être d’autant plus réconfortant pour quelqu’un s’il est connu. « Si t’entends un son que tu peux associer à autre chose que tu connais, ça peut te conforter », explique Constantin Monfilliette. Cependant, il précise que ce qui est considéré comme un son connu pour quelqu’un peut être différent pour un autre en raison de l’époque, des mœurs et de son environnement. « Je ne suis pas sûr que si je fais écouter de la musique trap à ma grand-mère ça la rassure, puisqu’elle ne reconnaîtra pas d’instruments ou de sons », déclare en riant le producteur de son, qui s’inspire de bruits organiques, comme la pluie, pour créer.
Des musiques dangereuses?
La musique peut transmettre de fortes émotions à son auditeur. Toutefois, le pouvoir de la musique peut-il être si puissant, au point de pousser des gens à la mort?
Selon un article du Times Magazine de 1936, la chanson Gloomy Sunday aurait une corrélation avec le décès volontaire de plusieurs personnes en Hongrie. Apparue en 1935, la dite musique aurait déclenché une vague de suicides dans le pays.
L’article mentionnait par exemple le suicide d’un fabriquant de souliers, qui reprenait des paroles de Gloomy Sunday dans sa lettre d’adieu. Aussi, deux personnes se sont enlevé la vie en écoutant la musique, en plus d’une multitude de gens qui ont été retrouvés noyés dans le fleuve Danube, tenant entre leurs mains les partitions de la chanson.
Des cas semblables ont même été rapportés aux États-Unis par le Time et le New York Times durant ces années. Aussi connue sous le nom de Chanson du suicide hongroise, la musique a été bannie jusqu’en 2002.
L’auteur de la chanson s’est lui aussi enlevé la vie en 1968. Malgré ces coïncidences, le taux de suicide serait plus élevé parmi les fervents amateurs de blues. Également, un effet d’imitation aurait pu enclencher ce pic de suicide, alors que le lien entre les décès et Gloomy Sunday n’a jamais été prouvé.