La santé des jeunes victime des écrans

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Des chercheurs de l’Université de Sherbrooke ont démontré que la consommation d’oxygène en aérobie des jeunes a diminué de 30% depuis les années 1980. (Photo : Sandrine Déry)

 

Reportage écrit par Maxim Villeneuve et Sandrine Déry

Des échos d’élèves à bout de souffle se font retentir de plus en plus fort dans les gymnases des écoles québécoises. Avec les années, des enseignants ont été témoins d’un déclin important de la santé physique des jeunes. 

« On effectue année après année des tests qui sont standardisés. On a pu s’apercevoir que les jeunes sont de moins en moins en forme », rapporte l’enseignant en éducation physique à la Polyvalente d’Arvida, Érik Jodoin. 

La science appuie ses propos. Cet automne, des chercheurs de l’Université de Sherbrooke ont démontré que la consommation d’oxygène en aérobie des jeunes a diminué de 30% depuis les années 1980. 

À la recherche d’un coupable, tous les regards se tournent vers le temps d’écran.  

« Le mode de vie actuel, avec les nouvelles technologies, les téléphones cellulaires, Netflix, Xbox, c’est plus facile pour le jeune d’opter pour la facilité et naturellement, à moins bouger », affirme M. Jodoin. 

Le temps passé sur les écrans favorise l’adoption d’un mode de vie sédentaire, explique la coordonnatrice du volet jeunesse de PAUSE ton écran, Carolanne Campeau. « En grande majorité, c’est quelque chose qu’on va faire dans une position assise. À long terme, ça peut avoir des conséquences », précise-t-elle. 

À l’école Marguerite-Belley, l’éducateur physique et à la santé, Daniel Simard interdit les écrans dans ses cours. Les conséquences sont alors moins visibles à l’école. Par contre, il remarque que les jeunes ne sont pas suffisamment actifs. 

« Il n’y a pas la moitié des élèves de 5 à 17 ans qui réussissent à être actifs au moins une heure par jour, déclare-t-il. Même si on pense que les jeunes bougent beaucoup, ils ne bougent pas encore assez. » 

Simard remarque toutefois l’impact des écrans à la maison. «Moi je l’ai observé comme parent, témoigne-t-il. On doit souvent les ramener à l’ordre par rapport au nombre d’heures d’utilisation par jour. C’est supposé être environ deux heures maximum, mais c’est souvent plus. »

Pierre Lavoie croit que le système québécois d’autant plus problématique que le temps d’écran. (Photo : Sandrine Déry)

Un autre suspect 

L’athlète qui porte un « Grand défi » à son nom, Pierre Lavoie, condamne plutôt le système scolaire et sportif. 

« Ce n’est pas à cause des jeunes, ce n’est pas à cause du téléphone, ce sont les environnements qui sont non favorables et qui font que les jeunes arrêtent de bouger, s’exclame M. Lavoie. Maintenant, il faut revoir le modèle. » 

De nombreux jeunes sont abandonnés au profit des quelques-uns qui sont naturellement doués, dénonce l’athlète. 

« Notre modèle, c’est pour gagner des médailles. Donc, on fait de l’exclusion, déplore-t-il. Si tu n’es pas bonne au volleyball, on va te bencher toute la fin de semaine, parce qu’on veut gagner la bannière qui sera accrochée dans notre gymnase. Derrière chaque bannière, tu as fait de l’exclusion. » 

Il dénonce aussi le côté captif des écrans. M. Lavoie s’avoue lui-même vaincu par cette technologie. Cependant, il ne laisse pas cette dépendance l’empêcher de bouger. 

« Je vais chercher mon minimum d’une heure d’activité physique par jour. Si par contre je ne le fais pas et j’ai cette dépendance à l’écran aussi, bien je vais être une statistique négative pour le système de santé un jour », exprime-t-il.  

Prendre conscience 

Afin d’éviter qu’il y ait plus de victimes, il faut être au courant des conséquences possibles d’un temps d’écran élevé, selon Mme Campeau de PAUSE. « C’est tout à fait possible d’avoir une utilisation plus équilibrée de nos écrans, indique-t-elle. On a besoin de développer une utilisation plus consciente. » 

Les experts et les gens du milieu sportif s’entendent tous sur un point, il faudra adapter notre consommation d’écrans afin qu’ils travaillent pour nous, et non, contre nous. 

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