« Bijoux cutanés »
Autrefois stigmatisé, le tatouage connait un fort engouement depuis plusieurs années. Le phénomène du sans rendez-vous et des réseaux sociaux le rendent plus populaire que jamais. Pour le salon Imperial Tattoo à Jonquière, les évènements sans rendez-vous sont essentiels.
Réussir à planifier un rendez-vous avec un tatoueur peut prendre des semaines ou même des mois. Certaines régions, comme le Saguenay, regroupent seulement une trentaine de studios de tatouage. Cependant, plusieurs salons ont pratiquement trouvé la solution : les journées sans rendez-vous. C’est l’alternative d’Imperial Tattoo, un studio situé sur la rue Saint-Dominique depuis maintenant une dizaine d’années. « Ça donne de l’accessibilité aux clients de pouvoir venir même quand l’agenda des tatoueurs est rempli pour longtemps », lance le propriétaire de l’Imperial Tattoo, Maxime Simard.
Gagnant-gagnant
Selon une des tatoueuses du salon, Amy Gauthier, les journées sans rendez-vous permettent de rencontrer de nouveaux clients et de passer du temps avec les autres tatoueurs, considérant que tout le monde a des horaires différents. « Moi je suis enseignante, je travaille de jour. Et puis, aujourd’hui c’est une journée pédagogique, donc l’évènement m’a permis de pouvoir venir me faire tatouer », a expliqué l’enseignante au primaire Kim Jean Girard.
Dépendamment de l’ampleur des projets, une journée typique permet de recevoir de deux à quatre clients. Un évènement sans rendez-vous peut permettre d’en accueillir une bonne dizaine puisque les projets réalisés sont plus simples. Tout en donnant de l’accessibilité aux clients, les journées de ce genre permettent de faire connaitre les tatoueurs et le salon en question.
Artefact pour se démarquer
Mais d’où vient cette popularité? Un sondage Ipsos Reid établissait qu’un Canadien sur quatre était déjà tatoué en 2016. D’après un mémoire de maîtrise à l’UdeM de Maximiliano José Grebe Cabrera sur le sujet, intitulé « Le tatouage contemporain : vecteur d’identité ou artefact de consommation? » la propension à vouloir se concevoir par soi-même, associée en sociologie à l’individualisation, est certainement infléchi par le pouvoir des médias sociaux. Les sites n’hésitent pas à mettre en avant les tatouages des vedettes, des personnalités remarquables. Celui du premier ministre Justin Trudeau a déjà eu son heure de gloire. Quand des artistes médiatisent leurs nouveaux tattoos ils promeuvent l’image « cool » du tatouage. C’est dans ces moment, que leurs marques corporelles sont idolâtrées par leurs admirateurs.
Le sondage relève aussi que la proportion serait à un sur trois chez les jeunes de 18 à 35 ans. Le tatouage est passé subtilement d’une marque de rébellion et d’originalité à une marque standardisée associée à la jeunesse et à la mode.