Oser briser la glace

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Ce n’est pas tout le monde qui a le courage de se baigner dans l’eau glacée. Pourquoi vouloir sortir de sa zone de confort alors qu’on y est si bien? Plongée en plein cœur d’une curieuse pratique qui n’est pas sans risque.

Traversée du lac St-Jean, descente printanière de la rivière Saguenay, compétition de nage en eau glacée, voilà quelques-uns des faits d’armes qui figurent au sommet du palmarès de François-Bernard Tremblay.

S’il a toujours eu un faible pour les baignades en eau froide, l’homme de 53 ans a réellement dû repousser ses limites lorsqu’il s’est mesuré à un obstacle d’une toute autre ampleur : l’eau glacée. Déterminé à compétitionner en natation de l’autre côté de la frontière, le nageur d’expérience s’est préparé en conséquence pour être à la hauteur de ce défi supplémentaire.

En 2016, celui qui est également auteur et enseignant de français au Collège d’Alma est devenu le premier Québécois à enregistrer un chrono lors du Memphremagog Winter Swim Festival, une compétition de nage en eau glacée fort populaire aux États-Unis.

Historiquement, il faut remonter au début des années 1900 pour constater l’intérêt de l’être humain envers le froid extrême. Toutefois, c’est depuis les années 2000 que les baignades en eau froide ont nettement gagné en popularité.

L’accroissement du phénomène coïncide notamment avec les exploits du Néerlandais Wim Hof, surnommé l’homme de glace, qui propose une méthode en trois étapes pour prendre soin de son corps et de son esprit. L’une de celles-ci est dédiée à l’exposition corporelle au froid.

À double tranchant

Cette pratique comporte assurément son lot de bienfaits. Parmi ses avantages, notons entre autres son effet vivifiant. « Si quelqu’un a tendance à être un peu déprimé, c’est sûr que ça va être un stimulant du système nerveux. On va avoir comme l’impression de revivre dans l’eau glacée », soutient le biologiste et professeur titulaire à la Faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa François Haman.

Selon lui, un bain de glace peut aussi améliorer la récupération du corps grâce aux propriétés anti-inflammatoires du froid et insuffler un sentiment fort gratifiant à celui ou celle qui vainc l’adversité pour s’y immerger.

M. Haman rappelle tout de même que cette pratique ne s’effectue pas sans danger. Le plus connu d’entre tous est évidemment l’hypothermie. « Ce qui est recommandé, c’est 30 secondes à 2 minutes d’exposition [en eau glacée]. Les gens ont l’impression que faire 10 ou 15 minutes c’est mieux. Ça ne l’est pas. C’est juste cinq fois plus dangereux, car la température centrale baisse », prévient-il. Une exposition répétée au froid peut aussi provoquer des dommages neurologiques.

S’y confronter n’est donc pas une mauvaise idée en soi, selon M. Haman, à condition que ce soit fait de la bonne façon.

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